Nous connaissons tous les effets néfastes de la pollution de l'air sur la santé de la population. Mais qu'en est-il exactement concernant le placenta ? C'est la question que s'est posée une équipe de recherche de l'INSERM et de l'université Grenoble-Alpes.
L'étude publiée le 6 mai 2024 révèle que le fœtus ne serait pas insensible aux polluants de l'air. Voici les résultats et les conclusions de cette étude qui pourrait avoir un fort impact pour le développement du bébé.
Pollution de l'air et développement du fœtus : une relation malsaine
En 2019, 99 % de la population mondiale vivait dans des lieux, où les directives sur la qualité de l'air n'étaient pas respectées. Les enfants, les nourrissons et les fœtus sont les premiers vulnérables face à la pollution de l'air. Concernant le fœtus, une étude récente est venue prouver ces faits.
Les deux instituts réunis pour cette étude publiée dans The Lancet Planetary Health démontrent explicitement que « l'exposition à la pollution de l’air extérieur [...] est notamment suspectée d’être à l’origine de pathologies cardiométaboliques, respiratoires ou encore neuropsychologiques chez l’enfant à naître ».
Pour en savoir plus sur ces effets néfastes, les deux instituts se sont penchés sur l'exposition à trois polluants de l'air de 1500 femmes durant leur grossesse. Les trois polluants sont les particules fines PM2,5, le dioxyde d’azote (NO2), ainsi que les PM10.
Les scientifiques ont observé chez ces femmes des modifications de l’ADN du placenta, dont certaines étaient « directement associées avec des indicateurs du développement de l’enfant (poids et taille de naissance, périmètre crânien, durée de la grossesse…) ».
D'autres gènes modifiés concernent d'autres sphères du développement du placenta. « Le développement du système nerveux, du système immunitaire et du métabolisme, dont des gènes directement impliqués dans la survenue du diabète néonatal ou de l’obésité », précise la même étude.
Les deux Instituts ont aussi identifié d'autres points importants concernant le rôle de la pollution de l'air dans le développement du fœtus. En effet, il a été remarqué que les périodes de vulnérabilité à ces trois types de polluant se situant au début de la grossesse au sujet des garçons (soit lors du 1ᵉʳ trimestre) et à la fin du 3ᵉ trimestre pour les filles.
Les femmes exposées à la pollution de l'air durant la période de grossesse
Selon Lucile Broséus, chercheuse à l’Inserm et première auteure de la publication, « toutes ces observations viennent renforcer les études de plus en plus nombreuses qui associent l’exposition à la pollution de l'air pendant la grossesse à des altérations du neurodéveloppement, ou à une réduction des capacités cognitives, avec une vulnérabilité accrue chez les enfants de sexe masculin ».
L'étude démontre que la pollution de l'air altère différents gènes chez les garçons et chez les filles. En effet, la pollution de l'air peut altérer les gènes impliqués dans l'intellect et le développement du système nerveux chez les garçons. Les gènes touchés chez les filles sont, quant à eux, impliqués dans le développement fœtal ainsi que dans la régulation du stress oxydatif.
Ces modifications placentaires sont donc susceptibles d'altérer le développement du fœtus sur les plans métabolique, immunitaire et neurologique. Les chercheurs et spécialistes s'efforcent désormais de comprendre et d'identifier les mécanismes moléculaires qui pourraient être à l'origine de ces changements.
Les scientifiques espèrent la réalisation de nouvelles études pour analyser l'impact de ces changements épigénétiques placentaires après la naissance et leur évolution durant les premières années de l'enfant.